Insecticides du sol Une lente gestation
Actuellement, seuls deux produits sont disponibles au semis.
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Traitements : des autorisations tardives
Arvalis estime qu'entre le peu de spécialités autorisées,souvent onéreuses et plus ciblées qu'auparavant, et un cortège de ravageurs qui progresse, les maïsiculteurs restent démunis.
Pour le moment, seuls deux produits sont disponibles pour la protection des semis 2010. Il s'agit de Force 1,5 G et de Belem 0,8 MG homologué depuis peu. Cruiser est toujours en attente. Quant à Poncho, traitement de semences à base de clothianidine, il est en cours d'évaluation.
Mais cette situation peut encore évoluer, comme la campagne dernière l'a démontré.«L'année 2009 a été riche en surprises, aussi bien en termes de protection que de pression des ravageurs», relate Jean-Baptiste Thibord, spécialiste des ravageurs du maïs chez Arvalis.
Début décembre 2008, aucune spécialité n'était homologuée pour la protection des semis. Au final, cinq insecticides étaient disponibles en 2009.
Le 17 décembre 2008, Cruiser a obtenu pour la seconde année une autorisation assortie de restrictions d'utilisation. Une requête de France nature environnement a cependant limité sa disponibilité.
Autorisé jusqu'au 15 mai 2009, ce traitement de semences à base de thiaméthoxam ne pouvait être utilisé sur une même parcelle qu'une année sur trois et un déflecteur devait être installé sur le semoir pour limiter l'émission de poussières.
Après deux années de dérogation, Force 1,5 G (téfluthrine) a été définitivement homologué en décembre 2008. Lui aussi s'est vu attribuer des conditions d'application «un peu sévères» puisque la spécialité ne peut pas être appliquée plus d'un an sur trois sur un même champ.
Et puisque c'est une pyréthrinoïde, très peu mobile dans le sol, il faut adapter un diffuseur spécifique sur le semoir. Oncol S (benfuracarbe) a pour sa part profité, mi-mars, d'une dérogation de 120 jours avant son retrait définitif.
Courant mars, Belem 0,8 MG (cyperméthrine) a aussi profité d'une dérogation de 120 jours, cette fois sans restriction d'emploi, mais l'installation d'un diffuseur sur le semoir (différent de celui utilisé pour Force 1,5 G) était aussi nécessaire.
A noter en avril, une dérogation sur maïs semences de Vydate 10 G (oxamyl) pour lutter contre les nématodes. En 2009, seul un tiers des surfaces des maïs a été protégé, soit près de 600.000 hectares de moins qu'en 2008. Arvalis explique ce phénomène par une difficulté de se procurer les produits mais aussi par des prix élevés.
A 55 €/ha, le coût moyen de la protection insecticide au semis a quasiment doublé. De plus, excepté pour la spécialité Force 1,5 G homologuée «définitivement» fin décembre 2008, les autres insecticides utilisables en 2009 ont été disponibles assez tard et dans un contexte de semis de plus en plus précoce.
Ravageurs : des invités surprises en 2009
Entre des semis précoces, plus sensibles aux ravageurs du sol, et une baisse des surfaces traitées, les impasses auraient pu coûter très cher en 2009. Toutefois, les ravageurs attendus n'ont pratiquement pas montré le bout de leur nez. A l'échelle du territoire, les dégâts de taupins n'ont par exemple pas eu une très forte incidence.
Une des hypothèses évoquées serait des attaques fugaces arrivées sur des plantes déjà bien développées. Mais une analyse plus poussée s'avère nécessaire (lire l'encadré ci-dessous). La présence de mouches ( géomiza et oscinies) a aussi été guettée dans les régions traditionnellement touchées mais, là encore, elles n'ont pas causé de fortes pertes.
«En revanche, d'autres ravageurs ont fait parler d'eux», constate Jean-Baptiste Thibord. Les oiseaux, et principalement les corvidés, arrivent en tête avec de très sévères attaques un peu partout dans toutes les régions. Il s'agit principalement d'îlots de maïs isolés ou de semis tardifs.
«Il est essentiel d'acquérir plus de données sur les corvidés, admet le spécialiste. Nous encourageons donc les producteurs touchés à déclarer les dégâts. Il faudra disposer de nouveaux corvifuges et mieux réguler les populations à l'échelon local.»
«L'intensité des attaques de vers gris a surpris dans beaucoup de régions et notamment en Rhône-Alpes. Il faudra améliorer le réseau de surveillance pour intervenir à temps», ajoute Jean-Baptiste Thibord. Lorsque les dégâts ont été observés, le stade des larves était déjà avancé et les traitements à base de pyréthrinoïde moins efficaces.
Le Sud-Ouest a également subi des «attaques phénoménales de scutigérelles». Voilà en effet deux ans que Dotan (chlorméphos) ne peut plus être utilisé, alors que les conditions 2009 ont été favorables au développement de ce miriapode.
Arvalis préconise une protection insecticide au semis, accompagnée d'une préparation de semis et d'un engrais starter favorables à l'installation rapide du maïs.
Si 2009 marque le retour des pyrales et des sésamies sur plusieurs zones et des pucerons dans le Centre, des noctuelles défoliatrices ont aussi été remarquées (héliothis, Spodoptera spp. , Autographa gamma , cirphis...).
Négociations autour de la chrysomèleAvec la multiplication des foyers en Rhone-Alpes et en Alsace (près de 300 insectes capturés), il devient de plus en plus difficile pour les producteurs touchés par la chrysomèle de mettre en oeuvre la lutte obligatoire. Dans beaucoup de cas, les traitements adulticides n'ont d'ailleurs pas été appliqués en zone de sécurité, vu les surfaces que cela représentait. La profession souhaite dans ces conditions changer de stratégie de lutte en abandonnant l'éradication pour un plan d'endiguement. En effet, pour la troisième année consécutive, deux foyers, un en Alsace et un en Rhône-Alpes, ont révélé la présence de l'insecte. Les discussions avec l'administration sont en cours. Mais, à ce jour, rien n'est acté et les agriculteurs devront encore suivre la réglementation actuelle tant qu'un nouvel arrêté ne sera pas pris. |
Taupins : la recherche doit se poursuivreUne recrudescence des attaques de taupins a été observée. Le ministère de l'Agriculture a donc souhaité que l'Inra fasse l'état des connaissances sur le taupin et sur les voies de recherche envisageables. Selon le rapport, les principales raisons expliquant cette progression sont le manque de substances actives, la restriction d'emploi des produits, l'absence d'alternatives efficaces et le développement d'Agriotes sordidus. Il faudra acquérir plus de connaissances sur ce taupin, continuer les recherches sur les insecticides et leurs modes d'application, ainsi que sur les moyens naturels (tourteaux de crucifères). Des techniques de réduction des populations larvaires (pièges à phéromones ou façons culturales) peuvent aussi avoir un intérêt. solution Selon un rapport de l'Inra, l'incorporation de tourteaux de crucifères mérite d'être mieux étudiée. |
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